L’heure de Conter est une œuvre d’art numérique de Guy Woueté, conçue sous la forme d’un site web. Commandée en 2020 par la confédération des musées L’Internationale (MHKA), dans le cadre de l’initiative Artist in Quarantine, elle voit le jour au plus fort de la pandémie de COVID-19 — à un moment où la distanciation physique et l’isolement social redéfinissaient les contours de la production et de l’engagement artistiques.

Conçue comme une constellation de fragments visuels (images d’archives, cartes) et textuels (poèmes, notes personnelles…), L’heure de Conter se visite comme un paysage de pensées en mouvement. Le site ne propose pas une narration linéaire, mais invite à une navigation libre entre les éléments, évoquant une mémoire dispersée et une pensée éclatée, caractéristiques des récits diasporiques et post-coloniaux.

Face à un monde verrouillé, L’heure de Conter investit l’espace numérique non seulement comme outil de communication, mais aussi comme un médium de continuité matérielle, conceptuelle et critique. Alors que les interactions en ligne devenaient le seul lien possible entre les personnes, les choses, les pays et les continents, Woueté y a vu une opportunité : affirmer la présence et la pertinence de la pratique artistique, même confinée à l’immatérialité de l’écran.

Ce travail insiste sur la persistance d’une pratique ancrée dans la matérialité, la conscience politique et la critique sociale. À travers cette plateforme, l’artiste maintient son lien au monde, réaffirmant que, malgré les distances imposées, les artistes restent présents, actifs, et capables de produire des formes qui résonnent avec les urgences de leur temps.

L’heure de Conter est donc bien plus qu’un simple geste numérique : c’est une déclaration de résilience, une affirmation d’agentivité, et une réflexion sur l’évolution du rôle de l’artiste en temps de crise mondiale.